2h43...
Il y a des nuits ou les mots souffrent d'insuffisance respiratoire.
Il y a des nuits ou les phrases en béquilles, n'arrivent pas à franchir la marche du corps, préférant la platitude de la résignation.
Il y a des fins de nuit où l'inspiration trop bourré, gavé jusqu'à l’asphyxie, se laisse faire, se laisse traîner par les pieds comme un Kadavre Vert fatigué de trop aimer.
Il y a des heures où l'instant ne bouge plus, sauf pour faire savoir son refus d'avancer, son refus de suivre la mécanique du temps, ce salaud de mendiant à chaque carrefour.
Il y a des soir où le vide s’assoie sur la table en face, fumant une clope, un verre plein de silence à la main, se regardant droit dans la glace en disant : je suis le plus beau, le plus fort, le plus profond et le plus grand.
Je me lève, ouvre la fenêtre de la nuit, pour voir s'il y en a encore un morceau de vibrant dans le fond de cette obscurité.
Rien.
Aucun son, aucune chaleur, aucun visage...
Aucune ligne, aucun point d'interrogation à l'horizon, que des multitudes d'exclamation muette à perte de vue, que des points de suspension suspendus, pendus à des lettres accidentées.
Dans cet état d'impuissance que pourra tu faire ?
Du feu.
J'ai besoin de feu, un briquet, une allumette, une étincelle, rien qu'une étincelle.
Je m'approche du vide, plus près encore, lui demande une clope et du feu.
Il me rit au nez avec un éclat que son verre en fut brisé, et le silence sur le tapis, s'évaporait.
J'allume ma cigarette, j'en tire une bouffée, respire la petite flamme dans cet air glacé.
Ma tête qui tourne et tourne, et mon corps qui coule et coule...
Le vent qui se lève et les chiens qui chantent, les voix montent, montent, et la lumière s’approche s'approche...
On frappe à la porte.
- Ouvre c'est moi
Tu as bien dormi mon Amour .
- Je crois que oui.
- Alors embrasse-moi et "sortant", il fait beau ce matin, pas question de le rater,
le Soleil.
peut etre t'en aura même pas envie d'y revenir,
a mon coeur.
N'est ce pas,
Mon coeur ?
Tu t'en va.
Et voila que,
Je gagne.
Ma liberté, dis donc.
Vivement caprice.
Vivement.
Vivement que tu t'en va.
- Vivement que je m'en vais,
Oui, peut ètre mais,
Malgré ma fatigue...
Ma clope de trop...
Mon crâne sur le dos..
Malgré ma douleur...
Mon chat qui s'en fout...
Malgré le vide...
Le manque dedans, le vide
Mes yeux d'acide...
Malgré ma fragile rhétorique...
mes lames syntaxiques...
Qui guette qui garde...
Du haut de ses pouvoirs...
Mes phrases désertiques...
Mes images qui sonnent...
Qui ruinent le sens graphique...
Et sculpte des formes métaphoriques...
Taillées dans la matière liquide...
D'un Amour cinglé...
Pour y coucher dedans.


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