mardi 20 mars 2012

Pétition Unisigné





2h43...



Il y a des nuits ou les mots souffrent d'insuffisance respiratoire. 
Il y a des nuits ou les phrases en béquilles, n'arrivent pas à franchir la marche du corps, préférant la platitude de la résignation.
Il y a des fins de nuit où l'inspiration trop bourré, gavé jusqu'à l’asphyxie, se laisse faire, se laisse traîner par les pieds comme un Kadavre Vert fatigué de trop aimer. 
Il y a des heures où l'instant ne bouge plus, sauf pour faire savoir son refus d'avancer, son refus de suivre la mécanique du temps, ce salaud de mendiant à chaque carrefour.
Il y a des soir où le vide s’assoie sur la table en face, fumant une clope, un verre plein de silence à la main, se regardant droit dans la glace en disant : je suis le plus beau, le plus fort, le plus profond et le plus grand.
Je me lève, ouvre la fenêtre de la nuit, pour voir s'il y en a encore un morceau de vibrant dans le fond de cette obscurité.
Rien.
Aucun son, aucune chaleur, aucun visage... 
Aucune ligne, aucun point d'interrogation à l'horizon, que des multitudes d'exclamation muette à perte de vue, que des points de suspension suspendus, pendus à des lettres accidentées.


Dans cet état d'impuissance que pourra tu faire ?


Du feu.


J'ai besoin de feu, un briquet, une allumette, une étincelle, rien qu'une étincelle.
Je m'approche du vide, plus près encore, lui demande une clope et du feu.
Il me rit au nez avec un éclat que son verre en fut brisé, et le silence sur le tapis, s'évaporait.


J'allume ma cigarette, j'en tire une bouffée, respire la petite flamme dans cet air glacé.
Ma tête qui tourne et tourne, et mon corps qui coule et coule...
Le vent qui se lève et les chiens qui chantent, les voix montent, montent, et la lumière s’approche s'approche... 


On frappe à la porte.


- Ouvre c'est moi
Tu as bien dormi mon Amour .
- Je crois que oui.
- Alors embrasse-moi et "sortant", il fait beau ce matin, pas question de le rater, 
le Soleil. 
peut etre t'en aura même pas envie d'y revenir,
a mon coeur.
N'est ce pas,
Mon coeur ?
Tu t'en va.
Et voila que,
Je gagne.
Ma liberté, dis donc.
Vivement caprice.
Vivement.
Vivement que tu t'en va.
- Vivement que je m'en vais,
Oui, peut ètre mais,
Malgré ma fatigue...
Ma clope de trop...
Mon crâne sur le dos..
Malgré ma douleur...
Mon chat qui s'en fout...
Malgré le vide...
Le manque dedans, le vide
Mes yeux d'acide...
Malgré ma fragile rhétorique...
mes lames syntaxiques...
Qui guette qui garde...
Du haut de ses pouvoirs...
Mes phrases désertiques... 
Mes images qui sonnent...
Qui ruinent le sens graphique...
Et sculpte des formes métaphoriques...
Taillées dans la matière liquide...
D'un Amour cinglé...
Pour y coucher dedans.






samedi 17 mars 2012

À perpétuité




Je part de:




" L'Humanité est vouée au progrès à perpétuité "

Alfred Sauvy 
Je me masturbe...
la tête...
le coeur...
mes regrets...
mes remord...!
Entre temps...
Y'a le temps...
Y'a les tic tac...
Y'a les souffles des brûlures...
Non seulement de mon tabac...
Les Tic Tac...
Non seulement du bois brûlé...
Qui me rend froid...
Non seulement des souvenirs déchirés...
Recyclé en moi...
Et soudain...
J'en déduit que...
J’arrêterai un jour de penser 
De colorier les syllabes du vent
De marier la lumière et le néant
J'arrêterai un jour de dire le sable
Le verre et le silence sur les tables
Le décor fade des visages éteints
J'arrêterai un jour de compter 
L'instant qui roule les billets qui brûlent
La richesse de l'affamé la faim dans les paniers
J’oublierai la Paix dedans du sang baigné 
La Guerre dans ses draps satinés 
Les dieux dedans leurs trous de fumier
J'oublierai les voix des barbes sclérosées 
Le voile qui voile le sourire d'une enfant
Les menottes qui crament les poignées de la Liberté
J'oublierai les arbres décoiffés 
Les rires de mes chiens assassinés 
L'innocence assise sur les pavés
J'arrêterai un jour d'entendre
Les discours d'un vendeur derrière sa tribune
De l'espoir en gobelet pour chacun et chacune 
J'oublierai un jour mes Gauches qui se cherchent
Un nid d'oiseau sur le toit d'une tempête
Un propulseur vers une autre planète 
J'arrêterai un jour de fuir la Vérité 
J'arrêterai un jour de fuir la Réalité
J'oublierai ce jour-là ma boussole déboussolée
J'oublierai jusqu'à ce moi qui m'étouffe
Ce moi multiples comme la douleur
La douleur qu'elle seule en efface les traces
Mon Amour ouvre-moi tes portes
Mon Amour ouvre-moi tes bras
Enterre-moi et ferme à triples tours
Les coffres-forts de ma mémoire 
Mon Amour dessine-moi un amour
Dessine-moi dedans enchaîner par le désir
Ouvre-moi tes bras pour en finir
Avec le monde mes larmes de combat
L'insoumis le révolté le sauvage que je suis
D'un souffle de Ta voix tu l'as condamné
À perpétuité à perpétuité
T'aimer mon Amour t'aimer 
À perpétuité.